mercredi 7 février 2018

The DICTATOR POPE (Marcantonio Colonna) -18-

3) Qu’est-il advenu
de la réforme des finances du Vatican ?

Un problème de corruption
 
           Il n’est pas surprenant que les pires cas de corruption à la Curie se soient toujours produits dans les départements qui gèrent l’argent, à la fois à cause des tentations personnelles de la richesse et parce que les fonctionnaires de ces départements, ignorants du monde des affaires et de la finance, étaient constamment en danger d’être entraînés dans des méthodes de caractère douteux ou d’illégalité pure et simple. Les accusations criminelles auxquelles l’Archevêque Marcinkus et l’Évêque de Bonis se sont exposés dans les années 80 et 90 ont déjà été mentionnées, mais, étonnamment, les avertissements n’ont pas été entendus au Vatican. Au contraire, il y a tout signe qu’une culture d’avarice et de malhonnêteté s’est aggravée au cours des vingt années qui ont précédé l’élection du Pape François au Saint-Siège.

      Un exemple flagrant est apparu dans les trois mois qui ont suivi cet événement. C’est le cas de Monseigneur Nunzio Scarano, le chef comptable de l’APSA (Amministrazione del Patrimonio della Sede Apostolica, Administration du Patrimoine du Siège Apostolique), qui a été arrêté en juin 2013 pour avoir tenté de faire entrer clandestinement 22 millions d’euros de Suisse en Italie dans un jet privé. Il s’est avéré que Monseigneur Scarano vivait depuis des années une vie de luxe financée par les avantages de sa nomination au Vatican. Il vivait dans un appartement de dix-sept pièces à Salerne rempli d’œuvres d’art, dont Van Gogh et Chagall, et était connu sous le nom de "Monseigneur 500" pour les billets de 500 euros par lesquels il faisait notoirement ses transactions.

      Complice de son plan de contrebande d’argent liquide, Monseigneur Scarano a commis l’erreur de choisir un agent des services secrets italiens, Giovanni Mario Zito, qu’il a payé 217 000 euros pour son rôle. Lorsque Zito a révélé le complot aux autorités, Scarano a nié sa culpabilité et expliqué les 217 000 euros en accusant Zito de les lui voler. Lors du procès de Scarano en janvier 2016, l’accusation de trafic de drogue échoua simplement au motif que le plan n’avait pas été exécuté, mais Scarano fut condamné pour diffamation pour l’accusation qu’il avait portée contre Zito (68).

      L’affaire Scarano fut explosive non seulement à titre individuel, mais aussi parce que Monseigneur commença aussitôt à porter des accusations de malversations financières généralisées au Vatican. Il a révélé que les responsables de l’APSA acceptaient régulièrement des cadeaux de banques cherchant à attirer l’argent du Vatican, y compris des voyages, des hôtels cinq étoiles et des massages. Ils ont pris l’habitude de transférer fréquemment des fonds d’une banque à une autre, en partie pour maintenir les avantages. Monseigneur Scarano a également parlé du truquage par les fonctionnaires de l’APSA des processus d’appel d’offres pour des contrats supposés concurrentiels (69).

      Benoît XVI avait déjà entamé le processus de réforme : il avait créé l’Autorité d’Information Financière pour assurer la transparence, et il avait pris la décision de faire appel à Moneyval, l’agence du Conseil de l’Europe contre le blanchiment d’argent, pour auditer les organes financiers de la Curie, soumettant ainsi le Vatican à la première inspection extérieure de son histoire. Les choses se sont peut-être arrêtées là, mais les révélations de Scarano ont probablement été le déclencheur d’un examen plus approfondi. En juillet 2013, le Pape François a fondé la Pontificia Commissione Referente di Studio e di Indirizzo sull’Organizzazione della Struttura Economica-Amministrativa della Santa Sede (
Commission Pontificale pour l’Étude et l’Adresse de l’Organisation de la Structure Économique et Administrative du Saint-Siège). Cette Commission a ordonné un certain nombre d’expertises, et ils ont analysé les organismes concernés, dont une brève description est nécessaire.

(68) Article paru dans "Crux" du 19 janvier 2016 : Inés San Martin, "Mixed verdicts for ex-Vatican official in corruption trial" (Verdicts mitigés pour un ancien fonctionnaire du Vatican dans un procès pour corruption)

(69) Article paru dans le "National Catholic Register" du 3 octobre 2013 : John L. Allen "Arrested monsignor charges corruption in Vatican finances." (Un monsignor arrêté accuse de corruption les finances du Vatican)

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